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Un hibou emblématique, le requin le plus longévif et la plus grande étoile de mer

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(Wendake, Québec, le 15 mai 2025) De nombreux Canadiens ont de doux souvenirs d’enfance liés à la nature – apercevoir un hibou au crépuscule, chercher des étoiles de mer dans les cuvettes de marée, contempler la mer dans l’espoir de repérer un requin, jouer sur un tronc mort couvert de mousses… Cette semaine, les experts du Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) se sont réunis près de Québec pour déterminer le statut de conservation de 14 espèces sauvages, dont certaines sont associées à des souvenirs inoubliables.

Harfang des neiges © Gordon Court

Le Harfang des neiges, emblème aviaire du Québec, a été désigné « menacé ». Ce hibou emblématique revêt une importance culturelle pour plusieurs nations autochtones. Il niche dans tout l’Arctique et passe l’hiver plus au sud, et s’il est vrai qu’on le trouve encore dans toutes les provinces et tous les territoires du pays, il est en déclin en raison de certains des effets des changements climatiques ainsi que d’autres menaces.

Selon Louise Blight, coprésidente du sous-comité responsable des oiseaux, « Non seulement cette espèce niche dans l’une des régions de la planète où le climat change le plus rapidement, mais lorsqu’elle migre vers le sud pour l’hiver, d’autres menaces l’attendent – collisions, électrocution, empoisonnement aux rodenticides, et maladies comme l’influenza aviaire. »

L’espèce extraordinaire qu’est la laimargue atlantique a été évaluée pour la première fois et a été désignée « préoccupante ». Ce gros requin fréquente les eaux froides et limpides des océans Arctique et Atlantique au Canada. La laimargue atlantique est considérée comme l’espèce de vertébré la plus longévive du monde : elle prend un nombre record de 150 ans pour atteindre la maturité, puis elle est capable de se reproduire pendant au moins un autre siècle. Cette espèce est touchée par les prises accessoires ainsi que les effets du rythme accéléré des changements climatiques que connaissent les régions arctiques. La durée extrêmement longue d’une génération signifie que les populations se remettent très lentement lorsqu’elles subissent un déclin.

Laimargue atlantique © Brynn Devine

Bruce Leaman, coprésident du sous-comité responsable des poissons marins, a souligné la biologie spéciale de l’espèce : « La période juvénile d’un seul de ces requins englobe la carrière de cinq biologistes des pêches. Toutefois, nous devons en apprendre davantage sur eux, car l’espèce semble très sensible aux pertes cumulatives, et les menaces ne s’atténuent pas. »

Le solaster géant est l’étoile de mer de la plus grande taille du monde – comptant jusqu’à 24 bras, il peut atteindre plus de 1 mètre de diamètre. Cette espèce clé de la côte du Pacifique a été classifiée « en voie de disparition » par suite d’un épisode de mortalité massive survenu dans toute son aire de répartition, qui s’étend de l’Alaska au Mexique. Cet épisode a été causé par le mystérieux syndrome du dépérissement des étoiles de mer associé au « Blob », la vague de chaleur océanique de 2014 2015. Même s’il est très mobile, le solaster géant ne peut échapper à ce fléau en rampant. Des estimations prudentes indiquent que son déclin dépasserait 75 %. Quelques zones de refuge peuvent encore exister dans les eaux froides des fjords du Nord, mais seul le temps nous le dira.

Solaster géant © Isabelle Côté

Isabelle Côté, professeure en écologie et conservation marines à l’Université Simon Fraser, a déclaré : « On peut difficilement surestimer l’impact écologique de cette perte sur nos écosystèmes marins. »

Une mousse et un lichen ont également été évalués et désignés tous deux « en voie de disparition ». La brotherelle de Roell, espèce endémique qui forme la luxuriante toile de fond verte des forêts de la vallée du Fraser, en Colombie Britannique, est menacée par l’augmentation tant des sécheresses graves que des inondations causées par les pluies torrentielles. L’hétérodermie méridionale pousse sur l’écorce des arbres latifoliés du sud de l’Ontario, du Québec et du Nouveau Brunswick. Ce grand lichen attrayant est de plus en plus difficile à observer, car l’agrile du frêne, insecte envahissant, tue plusieurs des arbres sur lesquels il pousse.

Parmi les neuf autres espèces sauvages évaluées figurent un gros escargot terrestre, six poissons d’eau douce, une abeille qui pond ses œufs dans le nid d’autres abeilles, et l’un des trois seuls crotales présents au Canada.

Le président du COSEPAC, David Lee, a résumé ainsi les résultats : « Il est décourageant de savoir que des espèces emblématiques sont en voie de disparition au Canada. Il reste que la détermination des menaces est essentielle si nous voulons continuer de respecter l’intendance qu’assuraient nos ancêtres et aider nos petits enfants à se forger des souvenirs. »

Prochaine réunion

La prochaine réunion d’évaluation des espèces sauvages du COSEPAC est prévue en novembre 2025.

À propos du COSEPAC

Le COSEPAC évalue la situation d’unités importantes de la biodiversité considérées comme étant en péril au Canada. Pour ce faire, le COSEPAC se sert de connaissances scientifiques, traditionnelles autochtones ou des collectivités, lesquelles sont fournies par des spécialistes provenant de gouvernements, d’universités et d’autres organismes. Les sommaires d’évaluations sont actuellement à la disposition du public sur le site Web du COSEPAC et seront transmis à l’automne 2025 au ministre fédéral de l’Environnement et du Changement climatique pour examen en vue de l’inscription au titre de la Loi sur les espèces en péril (LEP). À compter de cette date, les rapports de situation seront mis à la disposition du public dans le Registre public des espèces en péril.

Le COSEPAC est composé de membres provenant de chaque organisme responsable des espèces sauvages des gouvernements provinciaux et territoriaux, de quatre organismes fédéraux (le Service canadien de la faune, l’Agence Parcs Canada, Pêches et Océans Canada et le Musée canadien de la nature), de quatre membres scientifiques non gouvernementaux, des coprésidents des sous-comités de spécialistes des espèces et des connaissances traditionnelles autochtones, et de deux scientifiques en début de carrière.

Lors de sa plus récente réunion, le COSEPAC a évalué 14 espèces sauvages dans diverses catégories de risque du COSEPAC, y compris 5 espèces en voie de disparition, 3 espèces menacées, et 4 espèces préoccupantes. En plus de ces espèces sauvages faisant partie des catégories de risque du COSEPAC, le COSEPAC a évalué 2 espèces dans la catégorie données insuffisantes.

Définitions de la terminologie et des catégories de statut du COSEPAC :

Espèce sauvage : Espèce, sous-espèce, variété ou population géographiquement ou génétiquement distincte d’animal, de plante ou d’un autre organisme d’origine sauvage (sauf une bactérie ou un virus) qui est soit indigène du Canada ou qui s’est propagée au Canada sans intervention humaine et y est présente depuis au moins cinquante ans.
Disparue (D) : Espèce sauvage qui n’existe plus.
Disparue du pays (DP) : Espèce sauvage qu’on ne trouve plus à l’état sauvage au Canada, mais qu’on trouve ailleurs.
En voie de disparition (VD) : Espèce sauvage exposée à une disparition de la planète ou à une disparition du pays imminente.
Menacée (M) : Espèce sauvage susceptible de devenir « en voie de disparition » si rien n’est fait pour contrer les facteurs menaçant de la faire disparaître.
Préoccupante (P) : Espèce sauvage qui peut devenir « menacée » ou « en voie de disparition » en raison de l'effet cumulatif de ses caractéristiques biologiques et des menaces reconnues qui pèsent sur elle.
Non en péril (NEP) : Espèce sauvage qui a été évaluée et jugée comme ne risquant pas de disparaître étant donné les circonstances actuelles.
Données insuffisantes (DI) : Catégorie qui s’applique lorsque l’information disponible est insuffisante (a) pour déterminer l’admissibilité d’une espèce sauvage à l’évaluation ou (b) pour permettre une évaluation du risque de disparition de l’espèce sauvage.
Espèce en péril : Espèce sauvage qui a été évaluée comme étant « disparue du pays », « en voie de disparition », « menacée » ou « préoccupante ».

David Lee (Ph.D.)
Président, COSEPAC
Téléphone : 514-366-9574
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Questions d’ordre général :
Secrétariat du COSEPAC
Service canadien de la faune
Environnement et Changement climatique Canada
351, boul. St-Joseph
Gatineau (Québec) K1A 0H3
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www.cosepac.ca
Questions sur les amphibiens et reptiles (massasauga, tortue serpentine) :
Sara Ashpole (Ph.D.)
St. Lawrence University
Téléphone : 315-229-5890
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Questions sur les arthropodes (abeille-coucou de Macropis) :
Jennifer M. Heron
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Questions sur les oiseaux (Harfang des neiges) :
Louise Blight (Ph.D.)
Procellaria Research & Consulting et University of Victoria
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Questions sur les échinodermes (ad hoc) (solaster géant) :
Arne Mooers (Ph.D.)
Simon Fraser University
Téléphone (1) : 778-782-3979
Téléphone (2) : 604-358-2313
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Questions sur les poissons d'eau douce (omble à tête plate, petit-bec) :
Margaret F. Docker (Ph.D.)
University of Manitoba
Téléphone : 204-474-8831
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Questions sur les poissons marins (laimargue atlantique) :
Bruce Leaman (Ph.D.)
Téléphone : 250-510-3625
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Questions sur les mousses et lichens (hétérodermie à dessous blanchâtre, dorure de Röll) :
André Arsenault (Ph.D.)
Ressources Naturelles Canada
Téléphone : 709-638-2365
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Questions sur les mollusques (hélice dentifère) :
Dwayne Lepitzki (Ph.D.)
Téléphone : 403-762-0864
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Questions sur les connaissances traditionnelles autochtones :
Roger Gallant
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